LA LETTRE D'INFORMATION DE GIVAT HAVIVA - DECEMBRE 2022

 LA LETTRE D'INFORMATION DE GIVAT HAVIVA - DECEMBRE 2022




Editorial de la Directrice Générale

 

Le mois dernier a été particulièrement agité, après des élections qui ont laminé la présence à la Knesset d'une grande partie des représentants de gauche partisans du partenariat judéo-arabe. Puis ce furent des attentats terroristes avec des victimes, des violences contre des militants de gauche, la mort de Palestiniens tués dans les territoires occupés et les déclarations incessantes des futurs ministrables s’en prenant à l'avenir de la démocratie israélienne, aux institutions légales et aux valeurs fondamentales auxquelles tiennent ceux qui, comme nous, sont attachés à une société solidaire et à la démocratie.

 Les dernières élections ont laissé un très grand nombre d'électeurs sans représentation à la Knesset israélienne. Il semble également que nous nous acheminons vers le gouvernement de la droite la plus extrême de l’histoire du pays. Nous nous attendons à ce qu'il inclue des groupes et des individus qui, jusqu'à très récemment, professaient des attitudes qui les mettaient en dehors des normes du discours politique. Bientôt, ils seront à la tête de ministères qui touchent aux fils les plus sensibles et les plus fragiles du tissu de la société israélienne.

 La nomination de Ben Gvir au poste de Ministre de la Sécurité nationale (nom qu'il a choisi pour le ministère anciennement connu sous le nom de ministère de la Sécurité publique) est plus qu'une gifle aux citoyens palestiniens d'Israël, confrontés à la plus grave crise de violence jamais vécue par leurs communautés

[NDT : l’adjectif « national » en Israël fait référence à l’appartenance communautaire, voir la loi controversée de « l’Etat-Nation »]. 

Cette nomination est perçue comme une menace pour le quotidien d'un cinquième de la population. C'est une menace que les juifs israéliens doivent bien comprendre afin de trouver tous les moyens d'y faire face comme citoyens – et empêcher une détérioration dans les rues des rapports entre Juifs et Palestiniens, causées par ceux (qui seront) au pouvoir.

 Cela dit, la réalité est têtue, et nos vies sont plus grandes que la politique. Des centaines d'éducateurs et d'acteurs travaillant à renforcer et améliorer notre démocratie se lèvent encore chaque matin précisément dans ce but. Fin novembre, nous avons ouvert un nouveau programme prestigieux de résidence d'artistes pour jeunes créateurs juifs et arabes, récemment diplômés d'écoles d'art de premier plan, qui vivront et travailleront ensemble pendant trois mois. Nos programmes de rencontres éducatives sont en fait de plus en plus demandés, tout comme d'autres programmes montrant le rôle de premier plan de Givat Haviva dans l’offre aux Israéliens de solutions pour promouvoir une meilleure réalité et agir ensemble à cette fin.

 Quel que soit le contexte, nous continuerons à y croire et déployer nos efforts pour promouvoir une société plus équitable, juste et solidaire. Vous pouvez lire ci-dessous quelques exemples de nos derniers travaux et de leur impact.

 

Michal Sella

Directrice Générale

 


La valeur symbolique de l'image de marque caractérise notre nouveau logo. Après des décennies d'utilisation du logo qui vous est maintenant familier, nous sommes ravis d’annoncer cette mise à jour. L'ancien logo était présent, tout comme Givat Haviva, lors de milliers d'activités et d'événements, à chaque carrefour historique où la programmation mettait à l’honneur une société solidaire pour les citoyens juifs et palestiniens de l'État d'Israël. Le nouveau logo s'inspire de l'ancien en utilisant sa simplicité et son caractère distinctif original, tout en ajoutant une calligraphie en arabe à l'original en hébreu. Il s'agit d'une déclaration de renouveau, une déclaration réitérant et renforçant le message de notre vision, de nos valeurs et notre engagement envers une société solidaire. Nous espérons que le nouveau logo révisé présenté ci-dessus restera associé à Givat Haviva pendant de nombreuses années, à chaque carrefour où une société juste et partagée, une société meilleure est mise en avant.



Il est démontré que la violence à l'égard des femmes est exacerbée par les inégalités. Fin novembre, en l’honneur de la Journée internationale pour la prévention de la violence à l'égard des femmes, nous avons affiché l’image ci-dessus avec un texte signalant que 22 femmes ont été assassinées à ce jour en Israël depuis le début de cette année.

 Alors que les femmes arabes ne représentent que 20 % de la population féminine en Israël, plus de 50 % des femmes assassinées (soit 12) étaient arabes. Compte tenu de ce qu’on peut attendre du gouvernement en formation, il sera plus important que jamais d'exiger une application équitable de la loi et une prévention du crime pour toutes les communautés et tous les groupes de population, de peur que la situation parmi les communautés défavorisées ne se détériore davantage et à des degrés disproportionnés par rapport à leur nombre dans l'ensemble de la population. Dans une vraie démocratie, la sécurité individuelle est due à tous les citoyens de manière égale.


Des Centres de Médiation et de Dialogue s’ouvrent dans cinq villes arabes, sous notre supervision, et devraient contribuer à améliorer la sécurité individuelle des habitants des communautés concernées. Nous avons formé une série de personnalités locales consensuelles, s’étant portées volontaires pour cette initiative de réduction de la criminalité et de la violence, et les Centres seront bientôt opérationnels. Ils visent à démontrer aux autorités gouvernementales que les centres de médiation ont leur place dans toutes les zones résidentielles arabes et, à l’instar des communautés juives, peuvent contribuer à résoudre les conflits locaux.


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Le Maire de Gush Halav M. Elias Elias et le juge Saib Devor, vice-président du tribunal de district, se sont adressés aux médiateurs nouvellement formés à la médiation juridique et culturelle à travers l’étude de cas

Cérémonie de certification des médiateurs à Shaieb et symposium avec des personnalités publiques et des dirigeants communautaires plaidant pour la médiation.


Notre programme de « langue en partage » a repris en novembre : l'hébreu parlé est enseigné dans les écoles arabes dans tout le pays. Dans ces écoles, où l’enseignement est dispensé en arabe, l'hébreu est étudié en deuxième langue. L'accent mis sur l'hébreu parlé est un élément essentiel à la préparation des élèves à l'inclusion dans une société solidaire - pour l'enseignement supérieur et pour la vie professionnelle.

 

Un autre programme, Yehiyeh Beseder [littéralement : Tout ira bien] a évolué à partir du programme original, et nous proposons également maintenant un programme d'enseignement de l'hébreu parlé pour toutes les écoles élémentaires et secondaires. Avec le catalogue Gefen, un budget alloué par le ministère de l'Éducation a été mis à la disposition des établissements pour qu'ils puissent postuler à participer à ces programmes.

 

C’est la même équipe éducative de Givat Haviva, en coopération avec le ministère de l'Éducation, qui a recruté des paires d'enseignants – un juif et un arabe - pour un nouveau programme d'échange de professeurs. Après une formation intensive en décembre, les enseignants participants échangeront leurs postes pendant 10 semaines. Nous attendons avec impatience que ces enseignants et leurs élèves nous parlent de l'enrichissement qu’apporte cette expérience, un moyen supplémentaire de démontrer les bienfaits d'une société solidaire.


Le collège Mahmoud Darwish de Majd el Krum met en œuvre la « langue partagée » autour d’un événement à l'occasion de la Coupe du Monde de football, par des activités - en hébreu !




 

Inspiré par Givat Haviva !! 

Le long métrage israélien primé, Cinema Sabaya, a fait ses débuts en septembre et il est explicitement inspiré par la participation de l'autrice et réalisatrice du film à notre programme, A Travers les Yeux des Autres, qui a réuni des femmes israéliennes juives et palestiniennes pour participer ensemble à un atelier de photographie.

 


Dans le film, huit citoyennes juives et palestiniennes d'Israël participent à un atelier vidéo animé par une jeune cinéaste. Les participantes représentent une diversité d'âges et d'expériences de vie, de situations personnelles et d'identités au sein de leurs groupes nationaux. Naturellement, elles viennent à l'atelier avec leurs partis pris, leurs préjugés et leur méfiance vis-à-vis de l'autre, que l’on voit disparaître au fur et à mesure qu'elles exposent leurs identités personnelles à travers l'aventure partagée du cinéma. L'accent mis par les médias sur le lien entre le film et Givat Haviva a même suscité l'intérêt de nouveaux donateurs pour soutenir notre travail.


 

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